CommuniquĂ© de lâassociation Enseignement Public et Informatique
Les crĂ©ations d'un enseignement « Sciences NumĂ©riques et Technologie » (SNT), en Seconde, et de la spĂ©cialitĂ© « NumĂ©rique et Sciences Informatiques » (NSI), en PremiĂšre puis en Terminale, sont des avancĂ©es rĂ©elles dont l'EPI a dĂ©jĂ eu lâoccasion de se fĂ©liciter.
L'enjeu est en effet d'importance. Il s'agit de donner Ă tous les Ă©lĂšves la culture gĂ©nĂ©rale scientifique de leur temps dont l'informatique, en tant que science du traitement de l'information numĂ©risĂ©e, est une composante essentielle. La transition numĂ©rique est dâabord une question de ressources humaines.
Mais des conditions sont indispensables pour réussir ces avancées incontournables.
ConcrÚtement, il faut réussir la rentrée scolaire 2019 puis les suivantes.
La formation des enseignants
En premier lieu, il est essentiel de disposer dâenseignants bien formĂ©s. La crĂ©ation dâun capes et dâune agrĂ©gation dâinformatique est indispensable : au vu des enjeux, les tergiversations pour les crĂ©er sont dĂ©risoires, incomprĂ©hensibles.
Compte tenu du retard pris lors des précédentes décennies, une phase de transition et une montée en puissance progressive sont nécessaires. Avec un plan pluriannuel, des échéances précises, bien identifiées, bien datées.
Pour lâenseignement « Sciences numĂ©riques et technologie » (SNT) en classe de seconde, des formations acadĂ©miques sont envisagĂ©es. Elles doivent se dĂ©rouler dans le cadre de la formation continue et donner lieu Ă des dĂ©charges de service. Il est urgent de les organiser pour les enseignants volontaires, car la rentrĂ©e 2019 c'est dĂ©jĂ demain. Elles doivent ĂȘtre substantielles, le programme de SNT, qui concerne tous les Ă©lĂšves de Seconde et non plus seulement les Ă©lĂšves volontaires, lâimpose.
Pour la spĂ©cialitĂ© NumĂ©rique et sciences informatiques (NSI), des diplĂŽmes universitaires (DU) sont annoncĂ©s Ă lâintention des professeurs ayant une validation ISN. Mais ils doivent ĂȘtre plus largement ouverts Ă d'autres professeurs et pĂ©rennisĂ©s par des diplĂŽmes inter-universitaires (DIU) pour assurer la cohĂ©rence des formations au niveau national. Les professeurs dĂ©jĂ titulaires par ailleurs de diplĂŽmes universitaires en informatique doivent en ĂȘtre dispensĂ©s. Si ces formations devaient avoir lieu pendant les vacances scolaires elles devraient ĂȘtre rĂ©munĂ©rĂ©es. Mais leur cadre naturel doit ĂȘtre la formation continue sur le temps de travail, qui est un droit, avec dĂ©charges de service (cf. les formations « lourdes » des annĂ©es 1970 et 1980). La pĂ©riode du baccalaurĂ©at peut ĂȘtre utilisĂ©e avec Ă©videmment dispenses de surveillance et de correction.
Un ensemble de mesures doivent ĂȘtre prises allant dans le sens dâune reconnaissance institutionnelle pour les enseignants qui sâengagent dans ces enseignements au prix dâun investissement personnel important : garanties et reconnaissances de carriĂšre, rĂ©munĂ©rations, avancements dâĂ©chelon, mutations sur poste Ă profil, concours internes et listes dâaptitudeâŠ
On dĂ©plore actuellement un dĂ©ficit d'information sur les modalitĂ©s de mise en Ćuvre de ces nouveaux enseignements d'informatique. Il entraĂźne des inquiĂ©tudes et est de nature Ă amener des professeurs qui ont largement investi dans lâenseignement dâInformatique et sciences du numĂ©rique (ISN) Ă renoncer Ă lâenseignement de la spĂ©cialitĂ© NSI. Cela serait paradoxal alors que l'on manque d'enseignants formĂ©s.
Il est indispensable que lâadministration envoie des signaux positifs. On ne dĂ©veloppera pas ces enseignements nouveaux, on ne les rĂ©ussira pas, sans que des moyens soient dĂ©gagĂ©s. Ainsi la pĂ©dagogie spĂ©cifique de lâinformatique sur ordinateur nĂ©cessite-t-elle des classes allĂ©gĂ©es ainsi que des locaux et matĂ©riels adaptĂ©s. Nombre de proviseurs estiment que la spĂ©cialitĂ© informatique correspond Ă un besoin de la sociĂ©tĂ© de demain et sa crĂ©ation une bonne nouvelle, mais n'ont pas les locaux pour l'ouvrir.
Le cadre de la réforme du lycée
Il y a lĂ des questions d'intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral. Les Ă©lĂšves doivent savoir quelles spĂ©cialitĂ©s seront nĂ©cessaires pour leurs futures Ă©tudes supĂ©rieures. Quid sur ce point des Ă©preuves des concours aux grandes Ă©coles ? Il faut veiller Ă ce que les calendriers de l'administration et des Ă©lĂšves ne divergent pas. Le choix des options doit se faire dans la sĂ©rĂ©nitĂ© pour les Ă©lĂšves et les professeurs. Les moyens accordĂ©s aux Ă©tablissements doivent permettre d'Ă©viter les tensions entre les diffĂ©rents enseignements.
Ajoutons que les informations en provenance des acadĂ©mies font craindre de grandes disparitĂ©s. Le cadre, celui du service public d'Ă©ducation et du statut de la Fonction publique, doit ĂȘtre national.
Des questions donc, beaucoup de questions, et des inquiĂ©tudes qui s'expriment avec force dans les lycĂ©es. Or il faut absolument rĂ©ussir l'enseignement de l'informatique, cet important dossier conditionne en partie lâavenir culturel, scientifique et Ă©conomique de notre pays.
Paris, 30-11-2018