Extrait du rapport "L'enseignement de technologie au collège"
de l'Académie des technologies (septembre 2021) - pages 27 et 28 -
http://academie-technologies-prod.s3.amazonaws.com/2021/09/27/09/08/36/6110cb99-839d-4ea1-8f6c-a25430aae1c1/Rapport%20technologie%20au%20coll%C3%A8ge.pdf
L'enseignement de la technologie au collège, et son lignage
au lycée et dans le supérieur, sont affaiblis par un désordre sémantique
Le mot « technologie » était réservé , jusqu’à il y a peu , au seul collège . Ayant suivi son cours de la 6e jusqu’à la 3e , la discipline disparaissait ensuite 14 .
En 2019 , l’arrivée en seconde générale et technologique de l’enseignement Sciences numériques et technologie (SNT) fait apparaître le mot technologie dans le libellé d’un enseignement au lycée15 . La résurgence est éphémère , le mot disparaît totalement après la seconde . La technologie est , en quelque sorte , un enseignement endoréique...
Ensuite , on parle de Sciences de l’ingénieur (spécialité de la voie générale du lycée) , de Sciences et technologies de l’industrie et du développement durable (spécialité de la voie technologique du lycée) , c’est-à-dire SI et STI2D . Dans l’enseignement supérieur , la technologie n’est pas une composante des unités de formation et de recherche (UFR) , elle n’apparaît pas dans les sections du Conseil national des universités (CNU) . Dès lors , dans les INSPE 16 , il n’y a pas d’universitaire de la discipline technologie intervenant devant des étudiants préparant les concours (Capet , agrégation) de sciences industrielles de l’ingénieur (voir le chapitre IV) 17.
En même temps qu’apparaissait en seconde un enseignement de Sciences numériques et technologie était créée en classes de première et terminale de la voie générale une spécialité en Numérique et sciences informatiques . Il convient de noter que les sciences sont numériques ici , et informatiques là , ce qui introduit de la confusion18 . Un récent Capes est en Numérique et sciences informatiques ; la future agrégation sera en Informatique .
La diversité et l’instabilité sémantique se prolongent dans les noms des enseignements , des concours , cela a été dit , mais aussi des corps d’inspection : on parle alors d’inspecteurs académiques en Sciences et techniques industrielles .
Les dénominations des classes préparatoires ne simplifient pas le paysage : technologie et sciences industrielles (TSI) , physique , technologie et sciences de l’ingénieur (PTSI) , physique , chimie et sciences de l’ingénieur (PCSI) , physique et sciences de l’ingénieur (PSI) , mathématiques , physique , ingénierie et informatique (MP2I) , technologie , physique et chimie (TPC) , technologie , sciences de l’ingénieur , ingénierie , sciences industrielles... Comment les élèves et leurs parents se retrouvent-ils dans cet amoncellement ?
Dans les universités , au niveau des licences , il existe , dans les champs proches de la technologie, une mention sciences et technologies , une mention Informatique et mathématiques , une mention Informatique , une mention mécanique , une mention génie civil , en plus des mentions « fondamentales » : mathématiques , physique , chimie , physique-chimie ; il existe aussi une mention sciences biomédicales .
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Expressions rencontrées dans l’ensemble scolaire
technologie ⋃ informatique
– Technologie
– Sciences de l’ingénieur
– Sciences et technologies de l’industrie
– Sciences industrielles de l’ingénieur
– Sciences et techniques industrielles
– Informatique
– Sciences numériques et technologie
– Numérique et sciences informatiques
Tableau N° 1 : un réel désordre sémantique --------------------------------------------------------------------------------------------------
Pendant ce temps-là , depuis les programmes des petites classes jusqu’à ceux de
terminale , comme dans l’appellation des professeurs et des inspecteurs, à tous
niveaux , on parle de Mathématiques , de Physique , de chimie, de Sciences de
la vie et de la Terre ; ces dénominations sont stables et se retrouvent assez
nettement ensuite dans l’enseignement supérieur.
Le désordre sémantique est une faiblesse de l’ensemble scolaire technologie
U informatique 19 . Il contribue à une illisibilité de l'offre d'enseignements
et de leurs enchaînements .
Il est toujours délicat , de l’extérieur , de suggérer des dénominations pour un
enseignement . Le risque ne sera pas pris ici 20 . De nombreuses considérations,
des rapports de force entre quelques puissants lobbies existent qui maintiennent
un statu quo . Il n’est pas satisfaisant .
NOTES -------------------------------------------------------------------------------
14 Au cycle 3 (niveau CM1 , CM2 et 6e) , il existe un enseignement de Sciences et technologie .
15 Bien que l’on fasse peu de technologie en SNT , mais essentiellement de l’informatique .
16 Instituts nationaux supérieurs du professorat et de l’éducation .
17 Un enseignant , pourtant chevronné , en SII écrit , à propos de ces dernières : science (au singulier) de l’ingénieur et de l’industrie (au lieu de Sciences industrielles de l’ingénieur) . C’est un reflet de ce désordre sémantique .
18 De plus la notion de sciences informatiques (au pluriel) n'a pas de sens.
19 Ensemble formé de l’ensemble des enseignements de technologie au collège et ceux du lycée dans son lignage et de l’ensemble des enseignements d’informatique . Les deux ayant des parties communes . Le signe U signifie « union » des deux ensembles .
20 Il sera néanmoins évoqué plus loin , dans des notes de bas de page , Technologie et ingénierie ou bien Design et technologie . La question pendante est celle d’une base nominale commune pour l’ensemble de ces enseignements (incluant ceux d’informatique et de numérique) tout au long de la scolarité .