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Bilan de réunion au MENJ : allègements des programmes, sans changement de structure

Publiée le 22.06.2022

Communiqué des sociétés savantes et associations de mathématiques :
ADIREM, APMEP, ARDM, CFEM, Femmes et Maths, SFdS, SMAI, SMF

On constate actuellement que la réforme du lycée a entraîné une baisse du niveau mathématique et scientifique général, un accroissement des inégalités de genre, territoriales et sociales, ainsi qu'une forte diminution du vivier scientifique et de sa polyvalence pour les années à venir. Ces problèmes proviennent surtout de la structure du lycée général[1]  et mettent en danger la capacité du pays à pourvoir aux besoins en compétences scientifiques du monde économique dans un avenir proche.

Depuis plusieurs mois, le collectif des sociétés savantes et associations de mathématiques et de sciences[2] représentants de la communauté des universitaires, des professeurs des classes préparatoires et du second degré alerte sur ces problèmes. Elle demande la mise en place rapide d’un groupe de travail pour proposer des modifications des structures des deux classes terminales du lycée applicables dès la rentrée 2023, et d’inclure dans ce groupe la communauté éducative et scientifique, à la fois actrice de terrain et experte sur le sujet de l'enseignement et de la formation scientifique.

Les représentants de la communauté mathématique ont demandé à deux reprises une audience auprès du ministre de l’Éducation Nationale. Suite à la dernière demande, une délégation a été reçue au ministère de l’Éducation Nationale par Julie Benetti, conseillère du ministre, et Thomas Leroux, conseiller aux affaires pédagogiques et aux savoirs fondamentaux.

Il ressort de cette rencontre qu’aucune réflexion n’est actuellement envisagée par le ministère portant sur l’architecture du lycée qui est l’une des principales causes des problèmes signalés. En revanche, des engagements sont déjà pris pour alléger les programmes de l’option maths complémentaires de terminale pour s’ouvrir aux élèves ayant choisi l’option de première de 1h30 de mathématiques. D’autres allègements de programme sont également prévus en seconde et en spécialités maths en première. Nous rappelons que la CFEM, Commission Française pour l’Enseignement des Mathématiques[3], constitue le référent national sur l’enseignement des mathématiques associé à la Commission Internationale sur l’Enseignement des Mathématiques, et que, de nouveau, elle n’a été ni associée ni même consultée au préalable pour ces nouvelles décisions.

La proposition actuelle d’alléger les programmes sans toucher à l’architecture du lycée, non seulement ne répond pas aux besoins, mais conduit à de nouveaux impacts inquiétants pour les poursuites d’études :

  • L’option de 3h de maths complémentaires de terminale devenant accessible après l’option de 1h30, alors que son accès est pour l’instant réservé aux seuls élèves ayant suivi la spécialité maths[4],  ce parcours sera donc nettement insuffisant, en contenu et en horaire, pour accéder à de nombreuses formations de l’enseignement supérieur où les disciplines scientifiques jouent un rôle important voire essentiel : économie, gestion, STAPS, géosciences, santé, biologie, chimie, informatique, physique. Cela risque d’impacter de manière majeure le recrutement via parcoursup et remet en question les stratégies des élèves pour leur poursuite d’étude.
  • L’allègement prévu des programmes de la spécialité maths et de la seconde remet en question l’ambition ministérielle d’un programme plus exigeant que dans l’ancienne série S, qui permettait d’améliorer la formation des futurs scientifiques. Alors qu’on observe actuellement une diminution de moitié des profils d’élèves à spécialité maths/sciences comparé à avant la réforme du lycée[5], cette décision inquiète.

Depuis cinq ans, le ministère reste sourd aux alertes de l’ensemble de la communauté et de la société civile. Il semble se désintéresser de nos propositions constructives alors que les choix actuellement retenus conduisent la France à une situation de pénurie déjà visible des compétences scientifiques nécessaires pour répondre aux défis technologiques, numériques, climatiques, énergétiques, de la biodiversité des années à venir.

Communiqué Document PDF - 349.4Ko

Compte-rendu Document PDF - 289.3Ko


[1]Voir le poster :  

https://smf.emath.fr/actualites-smf/posterfillesmathssciences2022

[2] Disciplines représentées dans le collectif : astronomie, biologie, chimie, écologie, géologie, informatique, ingénierie, mathématiques, physique, et aussi, histoire et philosophie des sciences et techniques, sciences économiques et sociales : ADIREM, AEIF, APHEC, APMEP, APSES, ARDM, CDUS, CFEM, CNFHPST, CLEA, EPI, Femmes et Mathématiques, Femmes et Sciences, Femmes Ingénieures, GEM, SF2A, SFB, SFB, SFBD, SFdS, SFE2, SFHST, SFP, SIF, SMAI, SMF, UdPPC, UPA, UPS.

[3] http://www.cfem.asso.fr/

[4] http://www.cfem.asso.fr/actualites/1h30-de-maths-pour-sauver-les-maths-un-remede-illusoire

[5] Note 21.41 de la Depp :  en 2021, environ 100 000 élèves en terminale suivent la spécialité maths et une autre spécialité scientifique (PC : 64540 ; SVT : 21 391 ; NSI : 10284 ; SI : 5752) ; il y avait environ 200 000 élèves en terminale S avant la réforme jusqu’en 2019.

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Maths au lycée en 2022 - Lettre ouverte à Pap NDiaye, ministre de l'Éducation Nationale et de la Jeunesse

Publiée le 02.06.2022

Communiqué du collectif maths-sciences des sociétés savantes et associations des professeurs et universitaires scientifiques

Monsieur le ministre de l’Éducation Nationale et de la Jeunesse,

De très nombreux acteurs du monde de l’éducation alertent depuis plusieurs semaines votre ministère sur la nécessité de différer toute décision prise en urgence concernant l'ajout d'enseignements de mathématiques en classe de première sans modifier la structure actuelle du cycle terminal du lycée général.

Les mesures visant à ajouter 1h30 dans l'enseignement scientifique du tronc commun, en 2022 ou en 2023, sont inadaptées pour répondre aux problèmes soulevés par la réforme[1].  Elles contreviennent aux objectifs d'une formation mathématique pour tous et toutes à la hauteur des besoins de la société et des aspirations des lycéennes et lycéens.

Permettre le temps de la réflexion et la mise en place d'un groupe de travail regroupant les différents acteurs compétents pour proposer des solutions pérennes pour la rentrée 2023 est la seule solution satisfaisante actuellement.

Aussi, nous vous demandons instamment de surseoir à toute mesure prise à la hâte et de recevoir sans délai, avant toute prise de décision définitive, une délégation des sociétés savantes et associations de professeurs que nous représentons.

Présidents des Sociétés savantes et associations signataires

Marie-Line Chabanol, présidente de l'Assemblée des Directeurs d'Instituts de Recherche sur l'Enseignement des Mathématiques (ADIREM)

Marie-Line Chabanol, présidente de l'Assemblée des Directeurs d'Instituts de Recherche sur l'Enseignement des Mathématiques (ADIREM)

Charles Poulmaire, président de l'Association des Enseignantes et Enseignants d’Informatique de France (AEIF)

Alain Joyeux, président de l’Association des Professeurs des classes préparatoires économiques et commerciales (APHEC)

Sébastien Planchenault, président de l'Association des Professeurs de Mathématiques de l'Enseignement Public. (APMEP)

Cécile Ouvrier-Buffet, présidente de l'Association pour la Recherche en Didactique des Mathématiques (ARDM)

Laurence Mouret, présidente des Conférences des Doyens et Directeurs des UFR Scientifiques (CDUS)

Viviane Durand-Guerrier, présidente de la Commission Française pour l'Enseignement des Mathématiques (CFEM)

Frédéric Pitout, président du Comité de Liaison Enseignants-Astronomes (CLEA)

Karine Chemla, présidente du Comité National Français d'Histoire et de Philosophie des Sciences et des Techniques (CNFHPST)

Jean-Pierre Archambault, président de l'Association Enseignement Public & Informatique (EPI)

Anne Boyé, présidente de l'association Femmes et Mathématiques (F&M)

Isabelle Vauglin, présidente de l’association Femmes et Sciences (F&S)

Isabelle Mus-Veteau, présidente du Groupe d'Etudes des Membranes (GEM)

David Causeur, président de la Société Française de Biométrie (SFB)

Coralie Bompart, présidente de la Société Française de Biophysique (SFB)

Delphine Duprez, présidente de la Société Française de Biologie du Développement (SFBD)

Guy Wormser, président de la Société Française de Physique (SFP)

Anne Philippe, présidente de la Société Française de Statistique (SFdS)

Yves Bertrand, président de la Société informatique de France (SIF)

Olivier Goubet, président de la Société de Mathématiques Appliquées et Industrielles (SMAI)

Fabien Durand, président de la Société Mathématique de France (SMF)

Marie-Thérèse Lehoucq, présidente de l'Union des Professeurs de Physique-Chimie (UdPPC)

Jean-François Beaux, président de l'Union des Professeurs des classes préparatoires aux grandes écoles Agronomiques, biologiques, géologiques et vétérinaires (UPA)

Denis Choimet, président de l'Union des Professeurs de classes préparatoires Scientifiques (UPS).


[1] Communiqué du 26 avril 2022 - 1h30 pour "sauver les maths" : illusion d'un rémède

ASSOCIATION ENSEIGNEMENT PUBLIC ET INFORMATIQUE

Monsieur le Ministre,

   Le 21e siècle est le siècle de l'informatique et du numérique. Les besoins de compétences réelles sont considérables. Le système éducatif se doit d'y répondre si l'on veut que la France tienne toute sa place dans le concert des nations aux plans culturel, scientifique et économique.

   On ne peut se satisfaire de demi-mesures. L'informatique doit être une composante à part entière de la culture générale et technique de tous les élèves. L'enseignement général, dès le collège, doit intégrer un véritable enseignement de la science et technologie informatique de telle sorte que les jeunes générations rencontrent précocement cette discipline au même titre que la biologie ou la physique. Et, comme pour les autres disciplines scientifiques, l'égalité filles-garçons reste un objectif important qu'il faut atteindre.

   Plus de moyens doivent être également donnés aux enseignements technologiques et professionnels intégrant l'informatique afin de favoriser la prise en compte des dernières évolutions technologiques et industrielles et la mise en place de parcours personnalisés.

   Capes et Capet NSI ont été créés ainsi qu'une agrégation d'Informatique. Sous réserve d'une augmentation du nombre de postes actuellement très insuffisant, les conditions sont réunies pour la création d'une discipline informatique pour tous.

   D'autant que nous disposons par ailleurs des enseignants motivés qui assurent actuellement la spécialité NSI (mais dont il reste à assurer la reconnaissance institutionnelle).

   Il est crucial d'élargir la culture générale scientifique, fragilisée par la réforme du lycée, qui doit s'enrichir de la science informatique. Ce n'est actuellement pas le cas dans notre système éducatif.

   Il va de soi qu'un enseignement spécifique de l'informatique pour tous ne serait pas exclusif mais complémentaire de l'utilisation didactique et pédagogique des ressources du numérique par les différentes disciplines qui, toutes, peu ou prou, ont vu leur « essence » (objets et méthodes) transformée par l'informatique. Nous savons par expérience que les deux approches se renforcent mutuellement.

   La généralisation du numérique sous-tendu par la science informatique, l'ordinateur quantique, l'intelligence artificielle... nécessitent de plus en plus d'intelligence et de compétences si l'on ne veut pas dépendre de l'étranger comme c'est déjà le cas dans trop de domaines.

   Il est indispensable que des décisions politiques volontaristes soient rapidement prises pour faire face aux enjeux informatiques pour le pays.

   L'association Enseignement Public et Informatique (EPI), forte d'une expérience de plus d'un demi-siècle, souhaite connaître vos propositions concernant ce dossier.

   Nous vous prions d'accepter, Monsieur le Ministre, l'expression de notre considération distinguée.

Paris, le 25 mai 2022

Le Bureau national de l'EPI
bureau@epi.asso.fr

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* Historique de l'informatique dans le système éducatif

EpiNet n°245 du 14 mai 2022 est en ligne :
https://www.epi.asso.fr/epinet/epinet245.htm
Son éditorial :  Lettre au Ministre de l'Éducation nationale :
"Pour l'intégration de la science et technologie informatique dans la culture générale scolaire." :
http://www.epi.asso.fr/revue/articles/a2205a.htm
Et les rubriques habituelles : Articles, Historique, Documents, ITIC, Libre, Événements.

1h30 de maths pour « sauver les maths » ? Remède illusoire

Publié le 26.04.2022 par : Collectif de sociétés savantes et associations d’enseignants, chercheurs, ingénieures et universitaires scientifiques (Astronomie, Biologie, Chimie, Écologie, Géologie, Informatique, Ingénierie, Mathématiques, Physique ; et aussi Sciences Humaines Économiques et Sociales, Histoire et Philosophie des Sciences) : ADIREM, AEIF, APMEP, APSES, ARDM, CFEM, CNFHPST, CLEA, EPI, Femmes et Mathématiques, Femmes et Sciences, Femmes Ingénieures, GEM, SF2A, SFB, SFB, SFBD, SFdS, SFE2, SFHST, SFP, SIF, SMAI, SMF, UdPPC, UPA, UPS.

" Le collectif condamne l’annonce ministérielle récente censée répondre aux problèmes posés par la place des mathématiques au lycée suite à la réforme : au-delà des illusions de solution, les mesures annoncées risquent au contraire d’aggraver encore une situation déjà problématique au lycée.

(...)

Engager la mise en place d’un groupe de travail avec les acteurs de l’enseignement et les spécialistes issus de la communauté scientifique, puis prendre en compte les propositions de ces experts pourra permettre de construire une offre de formation mathématique et scientifique pour tous et toutes et à la hauteur des défis à venir. "

https://smf.emath.fr/actualites-smf/sauvezlesmathsillusion26422